Prix public : 9,00 €
"33 poèmes composés dans le noir". Mais, est-il précisé aussitôt, c'est pour mieux "jouer avec la lumière". Et c'est comme le vers impair cher à Verlaine, ou la syncope d'un rythme de jazz que promet le titre : le noir qui paraît couler de source se termine en virgule heureuse, ou du moins confiante, pour aller de l'avant. Comme une valse à (3)3 temps qui s'engendre d'elle-même et ne finit pas. 4eme de couverture : « Trente-trois, j en ai voulu trente-trois, sans doute pour l âge de mourir bien ou de vivre encore mieux » nous dit l auteure à la fin de son recueil. 33, donc, comme l heure de faire un point, presque photographique, sur une mythologie du corps et de l âme qui tente sans cesse d explorer les « mécaniques du désir / à recommencer le monde ». Cheminant à tâtons dans le noir, comme on traverse la nuit pour atteindre l aube, Adeline Baldacchino nous emmène dans un étrange périple entre Samarcande et Pégase, Simourgh et Phénix, Marco Polo et Diogène, l étoile de mer et le bateau ivre, dans l impatience, la colère et la soif recommencées, jusqu à ce que résonne enfin comme une clameur de soleil levant et de feu nouveau. Poésie pour l insomnie et les fantômes, pour la jouissance et pour la braise, pour le sable et pour « les ailes qu on doit se faire pousser dans le dos », cette errance nocturne invoque, dans le grand écart du désespoir à la jubilation, le pouvoir des mots qui ne sauvent pas mais réinventent. Et le numérologue de remarquer alors, triomphant, que 33 n est qu un 8 en kit, autant dire un infini en devenir.