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Enclavée au cœur de la sphère d’influence de la puissance nazie, la Suisse a occupé, de 1939 à 1945, une position géostratégique de première importance. Pays neutre pris en étau entre les Alliés, le IIIe Reich et l’Italie, elle ne peut se tenir hermétiquement à l’écart du conflit qui déchire l’Europe autour d’elle. Traversée par des intérêts et des influences parfois contradictoires, perçue par beaucoup comme une terre de refuge, elle a fait des choix qui ont durablement marqué son image et sa perception d’elle-même. Et pourtant, entre souvenirs, témoignages et écriture de l’histoire, comment définir aujourd’hui le rôle de ce petit pays au regard de la Shoah ? En effet, quelle politique d’asile la Suisse a-t-elle adoptée à l’égard des Juifs persécutés, depuis les débuts du nazisme jusqu’à la fin de la guerre ? Le souci de préserver sa neutralité, sa paix intérieure et son marché du travail a-t-il suffi à la convaincre de fermer ses frontières ? Quelle a été l'importance de l'antisémitisme ? Quel a été le véritable rôle des acteurs, institutionnels et individuels, suisses et étrangers, face au génocide ? C’est à ces questions complexes, et à d'autres, que tente de répondre la douzaine de contributions des historiens les plus en pointe sur ce sujet. Tous montrent que la vision d'une Confédération repliée sur elle-même doit être nuancée, les responsabilités de tous les acteurs établies, et le débat poursuivi à l'intention des jeunes générations. Ce numéro constitue les actes du colloque international qui s’est tenu au Mémorial de la Shoah, à Paris, le 4 février 2018, dans le cadre de la présidence suisse de l’International Holocaust Remembrance Alliance.