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<div style="text-align: justify;">Dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, Roms et Sinti furent la cible de persécutions multiples et de violences génocidaires dont la chronologie et l’intensité varient selon les territoires de l’Europe. Ces persécutions ont concerné des Roms, Sinti, Manouches et Gitans, ainsi que des groupes associés par l’histoire aux mesures antitsiganes et désignés par leur profession ou leur mode de vie supposé, comme les Yéniches, les vanniers, forains, circassiens et voyageurs. En Europe de l’Ouest, plusieurs termes furent employés pour qualifier cette population définie ou désignée comme Zigeuner, en allemand et hollandais et Zingari, en italien. En France, le terme nomades fut employé pour désigner les personnes relevant du régime discriminatoire imposé par la loi du 16 juillet 1912.<br>L’occultation souvent délibérée et la reconnaissance tardive des persécutions contribuèrent à la marginalisation, dans les historiographies et les mémoires nationales, de faits qui entraînèrent l’élimination physique de plus de 200 000 personnes à l’échelle de l’Europe et la dislocation irréversible des société romani d’avant-guerre. Même si de nombreuses zones d’ombres demeurent, les chapitres de cette histoire apparaissent désormais très clairement : un premier processus comprend la ségrégation dès 1933, la définition raciale, la déportation et l’assassinat des Roms et Sinti dans les territoires du Grand Reich comprenant l’Allemagne, l’Autriche, la Bohême-Moravie, la Pologne annexée ainsi que l’Alsace-Lorraine, le Luxembourg et une grande partie de la Slovénie ; un second processus entraîne une répression ciblée et meurtrière au sein des États alliés comme la Croatie, la Hongrie, la Slovaquie ou la Roumanie ; un troisième processus implique l’élimination physique et systématique à l’Est, lors de l’avancée des groupes mobiles de tuerie, de la Baltique à la Crimée.<br>Ce numéro de la Revue d’histoire de la Shoah porte sur les persécutions et les violences génocidaires commises dans plusieurs pays de l’ouest de l’Europe, aux Pays-Bas, en France et en Italie. Dans ces territoires, le caractère composite des outils répressifs traduit une grande pluralité de dispositifs suivant l’application variable des mesures antitsiganes : assignations à résidence, détentions, internements, concentrations, exécutions ciblées ou aléatoires, déportations vers les centres de mise à mort ou le réseau concentrationnaire. Les articles de ce numéro permettent d’éclairer la diversité des logiques à l’œuvre, les modalités distinctes des violences et leurs effets sur les collectifs visés. L’écriture de cette histoire multiple, à travers l’exploration de nouvelles archives, l’étude de destins individuels et collectifs, ainsi que la mémoire des faits sont au cœur des études publiées dans ce numéro. Il fait suite au programme ANR RomaResist, Dislocations et résistances. Violences génocidaires et persécutions des Roms, Sinti et Voyageurs en Europe de l’Ouest, 1939-1946, dirigé par Ilsen About au sein de l’EHESS.</div>