Prix public : 24,00 €
Le design institue un rapport ambivalent à notre culture matérielle. Il produit à la fois l'objet de série, fini et prêt à l'usage et le prototype mis en oeuvre au sein de l'enchevêtrement de croquis et de maquettes, comme matériau actif et ouvert de développement du geste inventif. Comment une même culture industrielle peut-elle induire deux rapports aux objets si différents ? En sondant les zones obscures qui les séparent, il s'agit de défricher une voie mineure dans la compréhension des pratiques de conception et d'engager un rapport renouvelé à la matérialité du monde.La zone obscure (LZO) de Vincent Beaubois interroge la discipline du design à l'aune de la conceptualité de Gilbert Simondon, l'un des rares philosophes français à s'être très tôt intéressé aux objets techniques (cf. son fameux ouvrage Du mode d'existence des objets techniques, Aubier, 1958). Vincent Beaubois s'oppose à une pensée majeure du design, d'essence industrielle, pour promouvoir au contraire une « pensée mineure du design » qui, contre l'idéologie du projet, privilégierait les notions de diagramme et de prototype. Profondément politique, cette catégorie de mineure, conceptualisée en leur temps par Deleuze & Guattari, va de pair avec les notions connexes de vulnérabilité et de soin (care). Pour aboutir à cette pensée mineure du design que Vincent Beaubois appelle de ses vœux, il faudra donc « se défaire du design comme simple outil de développement pour en faire un vecteur d'intensification et de problématisation de notre rapport au monde ».