EAN13
9782917270318
Éditeur
LA COURTE
Date de publication
7 avril 2023
Nombre de pages
124
Dimensions
20,5 x 14 x 1 cm
Poids
193 g
Langue
fre

Les Trimardeurs

Yolande Liviani, Frédérique Guètat-Liviani, Frédérique Guètat-Liviani

LA COURTE

Prix public : 12,00 €

21 nov. 2016
Les trimardeurs de Yolande Liviani par François Huglo sur siteudis.fr
On en parle, on en parle… et si les migrants parlaient d’eux-mêmes ? Cela arrive, c’est arrivé. Migrants ou « en transit » entre prolétariat et lumpen avec trajets dans les deux sens, errants, sans-papiers donc sans droits, corvéables à merci, asociaux, chômeurs, détenus, « déclassés ». Ils n’ont pas parlé en l’air mais en actes, dans la lutte et dans la fête. Le récit de leur précaire épopée, pépite d’une histoire occultée, commence, ici, en 1970, autour d’une tasse de café entre voisins, dans un foyer (traduire : une garderie) Ozanam, à Échirolles, au sud de Grenoble. Le refus, partagé, du paternalisme autoritaire, gagne le foyer Sonacotra d’en face. La narratrice est la meneuse elle-même, « brebis galeuse » ou fragile héroïne, et son récit a été publié pour la première fois en 1980 par les éditions Syros, dans la collection « à la première personne ». Il n’a rien perdu de son actualité, au contraire, et l’éditeur indépendant La courte échelle / éditions transit, séduit par « la qualité et la pertinence de l’écriture », a décidé de le rééditer, accompagné d’une préface et d’un dessin de couverture de Frédérique Guétat-Liviani, fille de Yolande, qui a vécu « à hauteur d’enfant » cette « révolution minuscule » et expérimentale.
Seule, à la rue avec son dernier enfant, Yolande est reçue « comme un colis » par la directrice du centre. Son père, qui avait combattu le fascisme en Italie, croyait être « accueilli par un peuple parent ». Mais « un immigré sera-t-il jamais accueilli » ? Le fils aîné a disparu, un accident a fracassé le second, une fille est partie, à dix-sept ans, « vivre ce qu’elle croit être sa libération, dans l’antre de la gauche prolétarienne, l’antre des chefs, à la table des chefs ». Yolande a adhéré au P.S.U., « séduite par son activisme et son efficacité pendant ces deux dernières années (…) Sans cette odeur de soufre et de caveau que répandent autour d’eux les groupes maoïstes qui me fascinent davantage, mais me déconcertent par leur froideur, leur rigidité cadavérique d’intellectuels suicidaires ». Yolande leur oppose un libertaire « vivre et qu’on nous foute la paix », rétif aux « vous n’aviez qu’à » de l’assistante sociale ou du sociologue, et à l’encadrement d’Ozanam qui « baigne dans la religiosité, l’eau bénite, les incantations purificatrices », prêche « la discipline, la pauvreté acceptée docilement ». L’aide sociale est une aumône humiliante, quand elle sépare l’indispensable du superflu : « Ils nous empêchent de crever ; ils n’ont pas envie de nous voir vivre ».
Comment des chômeurs, malades, détenus en semi-liberté, peuvent-ils payer les cautions et loyers sans que les retards s’accumulent ? Les brimades, violations quotidiennes de domicile, précèdent les menaces et ordres d’expulsion. Les locataires s’organisent, s’appuient sur un comité de soutien : « quelques militants du P.S.U., et des gauchistes de toute obédience ». La p
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