Prix public : 21,00 €
Il est rare dans l’histoire littéraire récente, et sans doute unique au Mexique, qu’un poète nouveau venu ait suscité comme José Carlos Becerra (1936-1970) un tel engouement, voire une telle fascination chez ses premiers lecteurs, au moment même de disparaître prématurément. Voix « admirable et inquiétante », disait de lui Octavio Paz, n’ayant eu besoin que d’une poignée de poèmes, pour reconnaître au jeune homme d’alors, originaire de la région tropicale de Tabasco, une singulière maturité. Octavio Paz encore qui signa de son nom la préface (« Les doigts dans la flamme » ) de l’œuvre complète de Becerra, parue au Mexique en 1973 sous le titre L’automne parcourt les îles, et depuis régulièrement rééditée. <em>"Comment retarder l’apparition des fourmis"</em>, ultime livre du poète mexicain, toujours traduit par Bruno Grégoire & Jean-François Hatchondo, est un tournant formel (le vers ample se rétracte, plus tranchant, sobre, avec de possible développement spatial du poème dans la page) qui se présente comme un Journal intérieur de son ultime voyage en Europe. Le poète a alors 33 ans lorsqu’il réalise son rêve de découvrir l’Europe. Ce sera Londres durant six mois, puis cap au sud, idéalement jusqu’en Grèce… Mais la plongée allait tourner court au printemps 1970 sur une route italienne de la côte adriatique. Dans la carcasse de la voiture, on retrouve une sacoche contenant le livre en train de s’écrire : <em>"Comment retarder l’apparition des fourmis"</em>. (Cette présentation reprend des propos de Bruno Grégoire.)