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Andrea Zanzotto / LE GALATÉ AU BOIS "Le Galaté au Bois" (1978) emprunte son titre au célèbre traité italien des règles de bonnes manières codifiées par Monsignor Della Casa, intitulé en italien Galateo, et au bois du Montello. Il oppose ainsi la culture, reposant sur de très fragiles règles sociales, et la nature, attestée par la sauvagerie hirsute non moins fragile d’un bois touffu. Il s’agit du premier volet d’une trilogie dont les deux autres volets sont Phosphènes (1983) et Idiome (1986). Le livre incarne un sud riche en traces historiques, réseaux, échos, figures et silhouettes de toutes sortes. Là se dressent les ruines de l’abbaye où vécut Monsignor Della Casa (1503-1556), un poète insigne à qui nous sommes redevable de l’enjambement. La poétesse renaissante Gaspara Stampa (1523-1554) évolua également dans ces parages, tout comme le poète dialectal Cecco Cecoggiato dont les vers affleurent de-ci de-là. Le bois fut aussi un âpre champ de bataille lors de la Première Guerre mondiale. Et en outre un refuge pour toute sorte de marginaux. Andrea Zanzotto rend compte de la complexité temporelle et géographique du lieu en mettant à contribution un langage associant des styles diversifiés appartenant à des âges stylistiques d’ordinaire incompatibles dûment déhiérarchisés par une promiscuité généralisée : mémoire littéraire, citations, onomatopées, oralité débridée, néologismes, argots, libres créations de son cru. En un mot une langue mêlant le sublime et le trivial. Le plurilinguisme, dont Dante est l’épigone, se trouve ici exalté. Ce faisant, le poète fait se rencontrer les trois traditions poétiques italiennes : la dantesque (plurilinguisme), la pétrarquiste (monolinguisme) et la dialectale. Son attitude vis-à-vis des traditions italiennes et européennes est comparable à celle d’un Rabelais vis-à-vis des traditions littéraires médiévales, celle d’une synthèse stylistique. La critique italienne, et Gianfranco Contini en particulier, le préfacier de l’édition originale, y ont vu non seulement le chef-d’œuvre d’Andrea Zanzotto mais encore le sommet de la poésie italienne du siècle, pourtant extraordinairement riche en œuvres d’envergure. "Le Galaté au Bois" reparcourt toute la tradition poétique occidentale à travers l’italienne pour la rafraîchir et donner un futur au genre.