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Il est depuis quelques mois – alors que les (grands) médias s’obstinent encore à faire la sourde oreille ! – celui qui déchaîne les plus violentes passions ; celui pour qui, autour d’une table, dans quelque cafét’ universitaire, pub irlandais ou quelque bar à bière, l’on s’engueule avec la dernière énergie ; celui pour qui l’on en viendrait presque aux mains. <br> Qui l’eût cru en avisant la couverture de l’opus littéraire incriminé ? Ce titre, soit, pas très gai, et ce visage (peint à la gouache par l’auteur lui-même), soit, pas très beau, et même quelque peu déformé (façon Bacon ou Elephant Man) ?<br> Qui l’eût cru encore, à la lecture de ce poème évoquant un premier souvenir de Noël et une prime enfance au doux parfum d’âge d’or ? ou même de cet autre, intitulé Rêves de gloire et de beauté, où l’auteur, adolescent, et en pleine crise identitaire aggravée par un physique plus qu’ingrat, s’imagine en rolleur athlétique et bronzé, ou se cherche au sein d’un groupe punk-rock ?<br> Il faut, pour comprendre qu’on puisse s’emporter au sujet de ce rectangle de papier de 15 cm sur 21 et d’à peine 150 pages, et se brouiller avec ses amis (je sais de quoi je parle !…), soit tomber d’emblée sur les bonnes pages – et les sujets qui fâchent ! –, soit le lire en entier. L’un n’empêchant nullement l’autre.<br> En ce qui me concerne, mon premier contact avec la chose fut des plus violents, mes premières impressions des plus contrastées. D’abord attirée par le titre et l’illustration de couverture, je tombai, en feuilletant, sur les lignes suivantes, huit vers d’un autre poème, intitulé Paradisland (et sous-titré petite chanson) : « C’est com’ ceux qui sont en prison, / qu’on plaint des fois dans leurs cellules. / Mais ils y manqu’ de quoi, dis don’ ? / Y’a pas qu’les mouches qu’ils y enculent ! / Et ça m’fait penser aux curés / qu’ont oublié d’relir’ la Bible, / aux lesbiennes et aux pédés : / y’a mêm’ plus d’amours impossibles !… »<br> Je feuilletai encore, et trois pages plus loin trouvai ces autres lignes : « Moi, maintenant, je suis pour l’alcool, le tabac et la drogue. Et parfaitement mon JP, et parfaitement mon Beneu ! moi aussi je suis pour baiser sans capote – j’ai pas dit sans pilule ! (Que le H1N1, tiens, que je verrais bien encore faire des petits !…) Manquerait plus que nos générations s’éternisent ! »<br> Je venais, avec l’aide du hasard, d’ouvrir la chose aux bonnes pages ; ce qui me range parmi celles et ceux qui ont déjà eu l’occasion de comprendre très vite qu’ils n’avaient pas dans les mains l’objet anodin qu’ils pensaient de prime abord. <br> Qui pouvait bien être cet odieux personnage que n’émeut pas la dégradation des conditions de vie en milieu carcéral (alors que le monde entier fait un triomphe au film Un prophète ! ) et qui va quasiment jusqu’à comparer nos prisons à des trois étoiles ? Qui était cet ignoble individu qui se permet de reprocher implicitement à notre société d’avoir enfin accepté l’amour homosexuel... (suite en 2)