Prix public : 7,00 €
Tout se passe durant la longue construction du palais Farnèse de Caprarola (1559-1630) et la réalisation de son programme décoratif. Entre un dessin préparatoire de Taddeo Zuccaro représentant la "Maison du Sommeil" (1562) et la peinture à fresque du médaillon qui en découle dans la chambre d'été du cardinal Alexandre Farnèse, quelque chose a disparu… S'est perdu? C'est sur les traces de cet évanouissement que s'engage ici Jean-Claude Lebensztejn, historien de l’art dont l’oeuvre se définit plus par une méthode que par une période ou un type d’objets spécifiques. Ce qu’on peut souhaiter à l’histoire de l’art, disait-il, « ce n’est pas seulement qu’elle tienne compte de tous les paramètres de la recherche, documentaire, formel, théorique, fantasmatique, mais qu’elle les intègre davantage; que la production qui se constitue là soit un va-et-vient organique, innervant de part en part le matériau d’étude ». Ce qui se rejoue ici entre un dessin préparatoire, la peinture à fresque d’une chambre d’hiver puis d’une chambre d’été et enfin d’une chapelle d’un même palais, c’est un drame qui affecte le statut des rêves ou des songes ainsi que l’histoire de leur représentation et de leur interprétation. Drame épistémologique qui, du point de vue thématique, met en jeu le passage de motifs mythologiques à d’autres bibliques. Drame moral aussi, parce que dans ce passage le sommeil a pu aussi devenir coupable. Cette collusion des langages et des époques nous fait effectivement transiter de la maison du Sommeil au rêve proprement dit, qui n’est sans doute pas encore le rêve tel que nous le connaissons et l’interprétons aujourd’hui, mais qui n’en est pas moins déjà rêve. En un court précipité, Jean-Claude Lebensztejn convoque, dans ce cheminement sinueux entre les différents espaces du palais Farnèse de Caprarola, des siècles de spéculation sur les rêves.