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Composants essentiels de certains produits hi-tech, éléments clés du green-business, véritables « vitamines de l’industrie », les terres rares sont aujourd’hui au cœur de d’une gigantesque bataille géopolitique. Des couloirs feutrés des grandes organisations internationales à la chaleur étouffante des mines africaines ou australiennes, des conviviales salles de conférence de l’OMC aux déserts reculés de Gobi, d’Australie ou de Californie, c’est à une bataille décisive quoique feutrée que se livrent à leur propos, par multinationales interposées, les Etats-Unis d’Amérique et la Chine.Préfiguration probable des compétitions économiques à venir, la guerre pour les terres rares ne fait pourtant que commencer. Elle s’annonce longue et âpre. Elle sera d’autant plus rude qu’elle touche au cœur même du modèle de développement chinois. Depuis trois décennies en effet, la Chine a clairement, sciemment et méthodiquement fait le choix de faire des terres rares l’une des clés de sa montée en puissance. Son quasi monopole mondial en matière de production minière jointe à sa mainmise de plus en plus affirmée sur la chaîne de valeur ajoutée de cette ressource en font désormais un acteur de premier plan également sur le plan industriel et scientifique, capable par sa maîtrise globale de la filière de peser sur les choix industriels et stratégiques des autres nations développées. Les nombreuses applications scientifiques, techniques, écologiques, sociales et environnementales de ces matériaux ouvrent désormais au pouvoir chinois les portes de l’avenir. Car derrière le contrôle des secteurs de la haute technologie, c’est plus gravement encore celui des énergies du futur – fusion nucléaire, éoliennes – et des armes du futur, que recèle la question de la maîtrise de cette filière.Résultat de l’application méthodique du plan tracé par Deng Xiaoing, le monopole chinois en matière de terres rares ne résonne pas seulement comme un défi à l’Occident. Il montre comment une politique économique intelligente, conjuguant méthodiquement exploitation des ressources minières, développement de l’ingénierie scientifique, recherche industrielle et contrôle de l’ensemble de la chaîne de valeur peut effectivement servir de tremplin à une stratégie de développement ancrée dans le long terme mais aussi à une politique de projection de puissance structurée dans l’espace parce qu’articulée dans le temps.