Prix public : 11,00 €
Méconnu aujourd'hui, Henri Roorda, sous le pseudonyme de Balthasar, était un grand humoriste. Et quoi de mieux que l'humour pour parler de la faiblesse humaine ? Car c'est là l'objet de ces quatre courtes pièces de théâtre qu'il écrivit à la fin de sa vie et que nous regroupons aujourd'hui en recueil : Le Silence de la bonne, Un amoureux, Un beau divorce et La Ligue contre la Bêtise. Dans chacune de ces pièces, nous voyons des hommes emplis de belles et grandes idées sur l'amour, les relations sociales et le bonheur de l'humanité, chercher à les mettre en pratique et se heurter aux conventions sociales, aux opinions divergentes et à leurs propres contradictions. Cela aurait pu donner lieu à des drames, des tragédies. Mais l'auteur préfère s'en amuser, et nous en amuser avec lui. La dérision est souvent le meilleur remède contre le désabusement, le seul antidote efficace contre le désespoir. Aussi Roorda prend-il le parti d'en rire, et de nous réjouir du ridicule de ses personnages. Mais son regard moqueur est bien loin du cynisme et de la moralisation. Son rire est toujours tendre et bienveillant, car il sait qu'il n'est lui-même pas meilleur que ces hommes et ces femmes qu'il met en scène. Leur naïveté est finalement la nôtre, et quand nous rions d'eux nous rions de nous-mêmes. La simplicité, l'humilité et la conscience claire de la faiblesse humaine sont sans doute ce qui caractérise le mieux le style et l'esprit de Henri Roorda. Comme il le dit lui-même : « J'ai d'excellentes raisons pour ne pas enseigner la morale à mes contemporains. Je suis tout au plus tenté de leur dire : Ayez pitié des hommes, car ils errent sur une planète où la vie est difficile. Ayez autant d'indulgence pour leurs faiblesses que pour les vôtres. Et, surtout, n'imitez pas ces Purs qui sont contents d'eux-mêmes parce que, du matin au soir, ils marinent dans la vertu et qui, pour cela, sont un peu trop sûrs de leur supériorité sur autrui » (« Réponse à celle qui n'a pas compris », Gazette de Lausanne, février 1924).