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Quoi de mieux, pour regagner un tant soit peu « d’espace atmosphérique », que de tenter de décrypter les nuages (« ces corps étrangers et mouvants, symboles de la vie ») par une attention renouvelée ? C’est en effet à une enquête saisissante sur le mystère même de la vie que nous convie l’auteur, la vie dans toutes ses ambiguïtés, prise entre sa puissance d’affirmation de soi et sa fragilité, entre l’identité et la différence, la liberté et la nécessité, l’auteur combattant de la sorte toute association de l’idéologie la plus fanatique et du cynisme le plus froid. Avec une liberté de ton sans égal et un humour parfois corrosif (il dénonce aussi dans ces poèmes les mécanismes de la gabegie et du gaspillage généralisés), capturant une multitude de détails dans les moments les plus fugaces de l’existence, il se questionne sur le monde et ses changements à l’heure de « l’accélération digitale », sur la loi pour laquelle naître et mourir sont deux faces de nature éphémère, et fait entendre de nouveau une voix qui ébranle (réconfortante ou pas) toute idée de confort moral ou intellectuel, touchant aux points sensibles de notre temps. Qu’il écrive sur l’Allemagne de l’après-guerre ou sur les guerres civiles contemporaines (Le bref été de l’anarchie), sur la question de l’immigration et de la xénophobie (La grande migration) ou sur l’Europe, qu’il essaie de comprendre les origines de la violence et du terrorisme islamiste (Le perdant radical), qu’il médite sur l’échec des destins, sur le naufrage des illusions et des utopies (Médiocrité et folie), ou qu’il s’attaque à « l’industrie de la culture », Hans Magnus Enzensberger est ce penseur et ce poète dont l’une des lignes de force demeure l’extrême lucidité face à la matière historique, le sens aigu des destinées individuelles et du devenir collectif, et un humour peu commun pour démonter tous les mécanismes défaisant nos sociétés.