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La vie de Djelloul Yagoubi (1892-1978) est emblématique de ces histoires d’immigration à l’américaine. Son itinéraire n’est pas un conte de fées, mais pas loin. Débarqué à Marseille en 1915 dans les rangs d’un bataillon du 1er régiment de tirailleurs algériens, Djelloul Yagoubi échappe à la boucherie de la Grande Guerre et rejoint le bassin minier du Nord de la France. Il s’installera à Oignies, près de Lens. L’activité économique est alors en plein redémarrage, les mines ont besoin d’hommes, les Maghrébins affluent. Djelloul Yagoubi servira de traducteur. Poste-clé, indispensable, car quasiment aucun Français ne parle arabe. Il gérera le personnel et l’intendance. Une tâche colossale, il faut veiller au logement des mineurs étrangers, à leur vie quotidienne, à leurs rapports avec les compagnies et l’administration française... Djelloul Yagoubi est un pionnier de l’agence d’intérim en France. C’est ce qui a fait sa fortune. Après la nationalisation des mines en 1945, il fonde une entreprise BTP et participera notamment à la construction d’un tronçon de l’autoroute A1. Il emploiera jusqu’à 900 salariés. Ce personnage à la double culture fut un autodidacte inattendu dans le monde de la mine et des travaux publics, un grand patron paternaliste entre Michelin et Godin, qui... n’a jamais su lire ni écrire ! La possibilité d’ascension sociale ne serait donc pas toujours un mensonge. Cette vie de Yagoubi, qui nous fait traverser l’histoire franco-algérienne du XXe siècle, en témoigne.