Prix public : 18,00 €
Engagé volontaire à trente ans, Piero Jahier rejoint, le 29 février 1916, le 7° Régiment alpin, au cœur des Dolomites, et il y est chargé de l'instruction des recrues. Les hommes qui lui sont confiés sont des montagnards de la région, pauvres souvent, plus très jeunes et, pour la plupart, pères de famille. Pendant quatre mois, Jahier leur apprendra les rudiments de la vie militaire ; il tentera surtout de leur inculquer le sens de la « patrie », cette Italie si jeune encore, qui ne leur a encore rien donné et pour laquelle ils doivent sacrifier leur vie. De cette expérience naît Avec les alpins, publié dès 1918 et qui n'avait jamais été traduit en français. Un journal de guerre ? Plutôt un livre de mémoires, mêlant prose et vers, où la dimension privée est happée par l'histoire collective, une guerre sans combats ni tranchées puisqu'il n'est jamais question ici des premières lignes. Au début, Jahier voit dans la guerre l'occasion de s'identifier au peuple paysan, une humanité simple, franche et pure, dépositaire de valeurs élémentaires et inaliénables. Toutefois les éprouvantes conditions de vie des soldats et l'incompréhension que manifestent les chefs militaires autant qu'une partie considérable de la population civile instillent chez l'auteur de tels doutes et de telles réserves sur la nature du conflit qu'il en vient à des positions de type pacifiste et antimilitariste. Jahier compatit, souffre, mais ne va pas jusqu'à la protestation ou l'invective. Sa détresse trouve un soulagement dans le spectacle de la sérénité résignée, obéissante des alpins. Comme Guillaume Apollinaire, cet autre combattant d'au-delà des Alpes, Piero Jahier entremêle superbement poésie et prose, déclamations et prières, récits et litanies d'une brûlante ferveur pour chanter le destin de ces vies broyées.