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Le nœud du pendu est-il un recueil de nouvelles sur le suicide ? Non, pas du tout ! Les trois textes, qui composent ce recueil, évoquent avant tout l’amour, cette autre forme de l’aberration. Comme toutes les incohérences, l’amour est une source de quiproquos entre les êtres, leur identité farfelue. C’est aussi une manière, élégante parfois, de s’ouvrir les veines. L’amour est une déveine sanglante. La corde pense t’elle quelque chose de l’être qu’elle soutient ? Aucun marin n’est capable de le dire. L’amour est niais, l’amour ne tient pas la page. Pourtant, ces trois historiettes nous racontent comment deux êtres, qui portent le même prénom, peuvent se déchirer en toute conscience innocente. Qui est l’homme ? Qui est la femme ? Sont-ils faux au point de s’entêter à se haïr et s’aimer ? Tout au long du recueil, les héros émettent au moins une hypothèse : l’amour n’a qu’une place réduite dans leurs vies. C’est même une réduction, au sens propre, de leur influx nerveux. Il ne trouve pas donc sa place que comme une distorsion de leur cagibi. Cependant, l’amour ne se transforme pas en dramaturgie du sexe. Il n’en est pas une circonlocution. On peut donc le détruire. Ou faut-il aller chercher du côté de Socrate ? En réalité, l’amour permet d’accéder aux idées. Quelle ironie ! Quelle magnifique intuition caustique de penser que les organes génitaux pourraient être à l’origine du savoir. Ici, l’amour est presque une idée religieuse, j’allais dire littérale, c’est-à-dire prodigieusement ennuyeuse, presque comme le canot de la vie quotidienne. C’est parce que les deux amants sont si ennuyeux qu’ils ne s’aimantent plus. Ils vont de blagues méchantes en indifférences rationnelles. Ils se déchirent. Les machines à coudre n’y peuvent rien pour une fois. Si, un jour par miracle, un amoureux éperdu, au milieu des décombres des autres, arrivait à exprimer, avec une sincérité parfaite, ses sentiments, il n’y aurait plus de littérature. Il n’y aurait plus rien à dire. Tous les marchands de cordes pour pendu feraient faillite. Nous n’en sommes pas encore là, heureusement.