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Pour élaborer une histoire des idées, nous avons à comparer des concepts énoncés par des auteurs différents, à des moments différents et dans des contextes discursifs différents. Une élaboration scientifique d’une telle histoire nous contraint à formaliser ces comparaisons, d’abord en isolant les entités à comparer, ensuite, en objectivant les caractères selon lesquels se fera cette comparaison. Si une telle démarche est réalisable, alors il devient possible de représenter les relations entre concepts au travers de graphes qui pourront faire émerger de nouvelles lignes de cohérences dans ces relations. Comme nous nous inscrivons dans le temps d’une histoire, une question particulièrement importante est celle de savoir si le partage de caractéristiques similaires – une proximité relationnelle – peut s’interpréter comme le signe d’une ascendance commune des concepts. En d’autres mots, est-il d’abord légitime et ensuite possible de concevoir une phylogénie des concepts savants ? Dans quelle mesure les méthodes comparatives des sciences du vivant, de la linguistique et des sciences cognitives – parce qu’elles se penchent soit sur l’objet concept soit sur la question phylogénique – peuvent-elles informer une réflexion sur l’évolution des concepts ? Et quelles sont les spécificités propres à ce que serait une phylogénie des concepts si elle parvenait à se constituer en discipline autonome ? Tels sont les questionnements qui parcourent cet ouvrage. Ils sont abordés avec le souci d’explorer les conditions de possibilité d’un champ de recherche en devenir. Plutôt que de prétendre définir de façon abstraite les principes d’une nouvelle méthode, la validité, la fécondité mais aussi les défis propres d’un tel traitement des concepts sont plus aisément mis en évidence au contact d’objets d’étude concrets. Ce livre examine ce que serait une approche phylogénique des concepts savants autant à travers des interrogations théoriques que par des études de cas.