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L’abandon d’enfants, la mise en nourrice, non seulement des bébés recueillis par les institutions charitables, mais par de très nombreux parents, choquent nos sensibilités. N’est-ce pas une preuve évidente du peu d’intérêt et du manque d’amour de la part des parents ? Aujourd’hui, au temps de l’enfant-roi, de l’enfant rare et ô combien précieux, comment comprendre ces pratiques pourtant pas si éloignées dans le temps ?Dans ce numéro hors série d’Histoire sociale Haute-Loire, trois études sont consacrées aux enfants abandonnés ou mis en nourrice : l’une, par Carole Brenas, sur les enfants recueillis par l’hôtel-Dieu du Puy au XVe siècle. Dans la deuxième, Raymonde Prat, décrit le sort des nourrissons « exposés » et recueillis par les hospices d’Yssingeaux au XIXe siècle. Le troisième texte, d’Annie Gentes et de Claude Caron, s’intéresse au cas des enfants placés chez des nourrices par les hospices ou par des particuliers du Puy et de Saint-Étienne, aux XIXe et XXe siècles. Ainsi, à trois siècles de distance, les continuités l’emportent sur les ruptures. Comment interpréter les abandons d’enfants qui se pratiquent au Moyen Âge, se multiplient de la fin du XVIIIe au milieu du XIXe siècle et, les mises en nourrice, si répandues dans toutes les couches sociales urbaines jusqu’au XXe siècle, au moment où, dans les classes aisées au moins, se manifeste un intérêt nouveau pour l’enfant ? Annie Gentes et Claude Caron expliquent alors que, à partir de 1874, se développe une « industrie nourricière », avant que celle-ci ne laisse place à la généralisation de la protection de l’enfance à travers les législations sur l’hygiène et la santé publique.