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Préface de Mgr Roland Minnerath En posant d'une façon stricte l'irréductibilité des rapports entre la foi et la politique, le christianisme a transformé l'ancien principe de légitimation du pouvoir. Désormais, l'autorité politique n'est plus absolue - Dieu et l'ordre politique ne peuvent être placés sur un même plan. Le danger d'une soumission excessive est écarté, car la conscience qu'il introduit dans sa relation avec le pouvoir le libère de son emprise, et en particulier de l'obligation de consentir à une adhésion sans limite. Pour les chrétiens des premiers siècles, cette assurance tire son origine de l'attente eschatologique et de la force de l'espérance messianique qui les obligent à être d'une grande vigilance. La formule contenue dans l'Epître à Diognète : « Les chrétiens âmes du monde », revêt alors un sens particulièrement fort : les chrétiens sont là pour garder le monde et faire de lui le lieu de l'accomplissement de la vie humaine dans toute sa dimension personnelle. La naissance du christianisme s'est accomplie dans le cadre des institutions et des valeurs de la Rome antique. Cette histoire est providentielle. Elle trace les conditions de la construction d'une morale de la citoyenneté qui ne s'édifie pas sur un refus du monde sectaire mais sur la nécessité d'une séparation autrement plus exigeante. Les chrétiens ont l'obligation morale de concourir à l'édification progressive d'une société meilleure et plus juste - pour eux la préfiguration de la Cité céleste à venir. Obligation sans cesse à maintenir contre tout ce qui lui fait obstacle. De ce fait, la foi remet toujours le monde et ses valeurs propres en question. Elle dicte à la conscience l'obligation de tracer, le plus rigoureusement possible, les termes du débat dans lequel doit s'inscrire l'adhésion ou le refus du politique, et par là même l'engagement dans la citoyenneté. Gérard Guyon, né en 1941, est docteur en droit et professeur d'histoire du droit à l'université de Bordeaux IV.