Prix public : 19,00 €
Adoptant le modèle théorique de Miroslav Hroch, cet ouvrage apporte une contribution originale sur la formation de la nation kurde au cours du XXe siècle. Appelée « la plus grande nation sans État », la population kurde est répartie sur les territoires de l'Irak, de la Syrie, de l'Iran et, bien sûr, de la Turquie, objet tout particulier de cette étude. La « question kurde » est souvent définie comme une série de tentatives du peuple kurde pour créer son propre État, face aux efforts de quatre Etats pour en empêcher la réalisation et assimiler ce peuple. Les origines de la « question kurde » remontent à la fin du XIXe siècle. Le long déclin de l'Empire ottoman débouche sur l'émergence d'un mouvement national kurde. Limité à une intelligentsia restreinte, celui-ci ne parvient pas à se doter d'une base sociale ni à réaliser ses aspirations lors de la dissolution de l'Empire. Déterminés à créer un État-nation turc centralisé et homogénéisé, les fondateurs de la Turquie républicaine optent pour l'assimilation des Kurdes. Certains activistes cherchent alors le soutien des tribus ou des confréries kurdes, elles aussi menacées par le nouvel Etat turc résolu à les supprimer pour mener à bien son projet. Cette tentative échoue, la Turquie parvenant à réprimer les insurrections et tout activisme en faveur de l'identité et de la culture kurdes. Cependant, dans les années 1950, la crise de légitimité que traverse la Turquie et la formation d'une nouvelle intelligentsia kurde conduisent à un « renouveau » du mouvement national kurde. Basé sur une méticuleuse analyse des sources turques et kurdes, ce livre est un outil précieux pour comprendre l'émergence d'une conscience nationale kurde, décrire le mouvement qui s'en est suivi, saisir son évolution sur le plan géographique, interpréter l'évolution des revendications et, enfin, analyser les facteurs déterminants du passage d'un mouvement d'intellectuels et de notables à un mouvement de masse.