Prix public : 18,00 €
Ce roman constitue le premier volet d’une tétralogie intitulée Il a joué même pour les larrons, achevée en 2002, où l’auteur décrit la vie de son village en Voïvodine, au travers du quotidien de plusieurs familles sur plusieurs générations, de 1898 jusqu’au milieu du XXe siècle. Avec Le Soldat à la fleur (publié en 1973), on est à la veille de la Première Guerre mondiale. Szenttamás, village agricole, vit au rythme des saisons, du dur labeur sur les terres. Les pauvres y côtoient les mieux lotis, les populations allemandes, hongroises et serbes cohabitent tant bien que mal, la violence n’est jamais très loin. István, adolescent hongrois, rêveur, veut échapper à ce monde rural et laid, auquel il paraît destiné. Il gagne sa vie en jouant de la cithare dans les bals. Se réfugiant dans le silence de la terrasse surélevée du calvaire d’où il peut observer la vie des autres, il découvre sur l’une des peintures de la Passion, un soldat romain singulier, arborant une fleur jaune brodée sur son uniforme, étonnamment détaché de la brutalité de la scène. Son expression heureuse et insolite soutient et obsède István. Il veut découvrir la raison de ce bonheur qui, comme chez les autres personnages du tableau, miroir du village, est inexistant chez ses habitants. Rézi, jeune fille allemande rebelle, et Gilike, petit porcher rêveur, l’aident dans sa quête, tout comme, à sa façon, Adám Török, le mauvais garçon insoumis. L’espace étriqué du village contraste avec la nostalgie d’István pour les grands espaces libres parcourus par ses ancêtres bergers nomades, ou encore le rêve de certains de partir pour les contrées lointaines d’Amérique. Mais la déflagration mondiale vient bouleverser cet univers. Le pouvoir a changé, István revient de la guerre, blessé, l’adolescent rêveur est devenu adulte et trouve la paix en épousant Rézi. La vie reprend. Mais avec le recul de l’Histoire, cette fin idyllique n’est-elle pas illusoire ? Le soldat à la fleur est désormais bien loin. Et pour István, convaincu d’être servi par la chance, le passage à l’âge adulte va s’accomplir dans la tourmente et changer bien des choses pour lui-même et ses proches. Nándor Gion sait construire des scènes fortes, notamment celle du téméraire Adám Török qui tient tête au cocher armé d’un fouet, celle des enfants misérables tenus en laisse chez eux comme des animaux, ou encore les deux parties de cartes pipées teintées de vanité ou de sadisme.