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Le jardin, Terre de rêve en suspens entre terre et cieloula source, le mont, l'arbre et l'oiseau (serpent)Essai de lecture des prémices imagées du jardin dans l'art de la Haute Antiquité du Moyen-OrientTerre de jouvence, le jardin exalte le renouveau continu de la nature dans ses rythmes et ses manifestations, en prise avec le grand agencement cosmique qui fait succéder la nuit au jour, l’ombre à la lumière, la mort à la vie dans une régénération continue. Terre matricielle, il accueille en son sein la figure de l’énigme par excellence : le surgissement de la vie qui porte en elle les germes de son déclin et conduit à la mort annonciatrice d’une nouvelle vie, dont témoigne le cycle annuel de la végétation. Terre matricielle de jouvence, en phase avec le grand cycle cosmique de l’ombre et de la lumière dont la végétation est emblématique dans son devenir cyclique, le jardin est l’emblème de la métamorphose et de la création permanente au cœur de la mutation universelle. Espace matriciel du surgissement de la vie, le jardin est un espace médian qui sépare et unit la potentialité et son actualisation, le non-être et l’être, l’ombre et la lumière ; le retour au non-être, à la potentialité, à l’indéterminé étant le passage nécessaire conduisant à un nouvel accomplissement, au renouvellement et à la régénération. Énigme qui fait du jardin à la fois un lieu de dissolution, d’absorption dans le non-être et d’éternel renouveau de l’être.C’est cette énigme, ancrée au plus profond des représentations du monde du cosmothéisme de la Haute Antiquité du Moyen-Orient, portant sur la dissolution et le renouvellement, sur la récurrence au cœur de la mutation universelle de la vie, qui flue en un dépassement toujours dépassé, que nous nous proposons d’accompagner, au gré des questionnements et des réponses que les grands foyers de civilisation qui ont rêvé les jardins : l’Égypte, la Mésopotamie, la Grèce et l’Iran, lui ont apporté entre la fin du Néolithique (VIIe-VIe millénaire) et l’avènement de l’empire perse, qui déploie sa domination sur l’ensemble du Moyen-Orient à la charnière des VIe et Ve siècles avant notre ère.Notre propos ne sera pas de retracer l’histoire de l’art des jardins dans ces aires de civilisation, mais de les interroger, au long de leurs parcours, afin d’appréhender la façon dont chacune rêva le jardin, pour en faire – à l’aide d’une tétrade de signes conventionnels : la source, le mont, l’arbre et l’oiseau (serpent) – le symbole d’une « Terre de rêve », « en suspens entre terre et ciel », qu’elle soit « jardin funéraire », en Égypte, « jardin du prince » ou « jardin du philosophe », en Mésopotamie et en Grèce, ou encore « temple-dans-un-bosquet » ou « jardin-paradis », en Élam ou en Perse, sur le Plateau iranien.