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Le puits constitue une « structure archéologique » exceptionnelle à plus d’un titre. Dépôts d’usage et comblement d’abandon livrent des éléments précieux sur des activités ou des aménagements réalisés à proximité, qui ont été effacés de la surface du site, le plus souvent sans laisser d’autres traces. Les parties en eau offrent des possibilités de conservation d’objets de la vie de tous les jours qui, jusque là, avaient échappé à l’enquête archéologique. Pour Ambrussum, les informations sont nombreuses et peuvent toucher à des thèmes aussi variés que la charpenterie, le rôle économique de la poix au regard de la fréquence des vases poissés dans les puits gallo-romains du Languedoc, ou encore la possibilité d’un rite propre au relais routier, discutée à partir de la découverte récurrente de monnaies.Dans les régions méditerranéennes, le puits peut être aussi le milieu humide inespéré, qui manquait pour amplifier les études sur l’environnement des sites et tenter de mieux approcher des systèmes agricoles jusque-là insaisissables. Là encore, la très grande richesse des végétaux retrouvés, cultivés ou sauvages, autorise la constitution de corpus, la définition d’assemblages significatifs de milieux ou de cultures que les contextes de fouilles traditionnels ne laissaient espérer. La liste des espèces déterminées est impressionnante de diversité, et son interprétation apporte une autre vision de l’agglomération routière.Si les sources de l’Antiquité tardive accordent à Ambrussum un statut officiel de mutatio, l’enquête de terrain ne laisse pas facilement appréhender le devenir d’un site investi, à cette époque, par des récupérateurs de matériaux qui en exploitent les ruines. Les données environnementales tirées du remplissage du puits encore en fonction dans la seconde moitié du IVe siècle permettent d’aller plus loin. L’analyse met en évidence de nouvelles espèces végétales, absentes des séquences contemporaines du développement du quartier. Elles suggèrent de nouvelles pratiques, de nouvelles organisations de l’espace qui iraient de pair avec l’affaiblissement du caractère urbain du site. La constitution d’un charnier lors de l’abandon du puits justifie un long développement. Une mort d’origine infectieuse peut expliquer la présence de trois sujets masculins et de quelques animaux domestiques. Mais la raison d’être de ce charnier ne peut être unique et donc réduite à un événement pathologique. La possibilité d’un élevage est avancée pour le lapin, fortement représenté, qui aurait pu bénéficier d’une protection face aux prédateurs naturels mais pas contre les maladies des clapiers. Le puits a naturellement piégé des espèces de petite taille attirées par l’eau, il a aussi fourni des déchets de préparations alimentaires, mais il rend certainement compte aussi de pratiques liées à l’élimination de nuisibles et à la régulation des naissances chez les chiens.