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Aussi éruptif et spontané soit-il, le soulèvement des Gilets jaunes est loin d’être un éclair dans un ciel serein, comme le démontre Juan Chingo tout au long de ce livre qui remonte à l’élection d’Emmanuel Macron, en mai 2017. Alors que l’illusion d’un Macron « Jupiter » était relayée par la majorité des médias, des analystes et des courants politiques, y compris à l’extrême gauche, Juan Chingo saisit les contradictions et les faiblesses qui se cachent derrière cette image de force. Il montre comment Macron, qui parvient à asséner des coups importants au monde du travail et à la jeunesse lors de sa première année de mandat, a essentiellement pu compter sur la fragmentation politique de ses opposants de droite comme de gauche, et sur la compromission des directions des principales centrales syndicales et du mouvement ouvrier. L’auteur expose en quoi Macron est le résultat de tendances larvées à la crise organique du capitalisme hexagonal tout autant qu’une tentative de les résoudre en s’appuyant sur la crise des médiations traditionnelles avec lesquelles les classes dominantes ont dirigé sous la Ve République pour tenter de consolider un bloc bourgeois qui dépasse l’ancien bipartisme. Mais le macronisme est traversé de part en part de contradictions structurelles, si bien que bien avant le 17 novembre Juan Chingo insistait déjà sur les éléments fondamentalement instables de la situation politique, après l’affaire Benalla et la crise gouvernementale de la rentrée 2018, et ce alors même que Macron avait réussi à imposer une défaite aux cheminots et à la jeunesse au printemps 2018.Que le mouvement rebondisse ou pas au cours de l’été, la question n’est pas là. Depuis plus de six mois, les Gilets jaunes bouleversent les plans de Macron et font preuve d’une détermination et d’une colère comme il n’en avait plus été donné à voir depuis longtemps. De ce point de vue le mouvement des Gilets jaunes possède d’ores et déjà une portée historique, tant du point de vue de la peur qu’il a suscité du côté de la bourgeoisie qui s’était convaincue que le spectre de la révolution avait disparu, que de celui du mouvement ouvrier, ankylosé par le rôle joué par ses directions officielles et bureaucratiques ces dernières décennies, et qui a beaucoup à tirer de l’expérience des Gilets jaunes.