Prix public : 28,00 €
À contre-courant du préjugé selon lequel les piscines publiques seraient des lieux froids, aseptisés et interchangeables, le duo MokA révèle le riche potentiel artistique d’infrastructures urbaines qui favorisent la mixité à la fois sociale et générationnelle. Grâce à des photographies qui mêlent culture classique et pop-culture – on y croise aussi bien l’Ophélie de Shakespeare et Rimbaud que la déesse Shiva, des joueurs de bowling et un bistrotier derrière son comptoir – Karim Adjali et Olivier Maitre s’amusent dans leurs compositions poétiques non dénuées d’humour à poser sur les piscines et ceux qui les fréquentent un regard empreint d’une malicieuse fantaisie. Car avant de plonger dans les bassins, on laisse ses tracas au vestiaire, prêt à libérer non seulement son corps mais aussi son esprit : au fil des longueurs ou des cours d’aquagym, l’imagination travaille en effet tout autant que les muscles. L’histoire du cinéma montre bien, de Jacques Tourneur (Cat People/La Féline) à Ron Howard (Cocoon), à quel point les piscines sont un réservoir fertile pour l’imaginaire voire le fantastique. Avec MokA, nous sommes ainsi invités à la piscine Mulinghausen des Lilas pour assister à une mission spatiale. Ailleurs, c’est une façade d’immeuble transformée en couloir de nage qui nous pousse à interroger notre perception de la verticalité et de l’horizontalité. Ludiques et oniriques, les photographies* proposées dans ce projet enchanteront petits et grands, qui ne seront bientôt plus surpris de déceler des visages dans des planches en mousse (réjouissante paréidolie depuis un conteneur à déchets !) ni d’apercevoir, dans l’entrelacs des flotteurs en plastiques, un monstre tentaculaire. Anne-Sophie Gomez