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Johann Georg Hamann reste l'une des figures les plus influentes et pourtant les moins comprises de l'histoire de la pensée et de la littérature allemandes, exerçant une influence majeure sur des personnages aussi divers que Goethe, Schiller, Kant, Hegel, Hölderlin, Kierkegaard, et bien d'autres. La seule fois où Goethe et Hegel se sont rencontrés, ils ont passé toute la soirée à discuter de Hamann, après quoi Hegel a écrit une critique d'une centaine de pages sur l'ensemble de son œuvre. Il est également célèbre pour être l'un des auteurs les plus difficiles à lire en langue allemande, écrivant dans une langue ultracondensée et hyperallusive qui ljiu a valu de nombreux détracteurs. Il est aujourd'hui considéré par les théoriciens littéraires de diverses écoles comme précurseur ou préfigurant du tournant linguistique.The Last Mask se concentre sur l'œuvre finale de Hamann, Entkleidung und Verklärung (1786), qui a été minutieusement conçue comme « Abschluss » de sa « kleine Autorschaft » et réponse définitive à ses critiques. L'objectif du livre d'Alkire est à la fois philologique et théorique, la théorie émergeant du philologique. Grâce à la publication tant attendue en 2018 de Historische-Kritische Ausgabe of Entkleidung und Verklärung, Brian Alkire a pu identifier un certain nombre d'altérations de manuscrits jusqu'alors inaperçues, permettant de dissiper certaines opacités et d'ouvrir de nouvelles voies de recherche.Les manuscrits font apparaître Hamann comme l'un des premiers théoriciens du virtuel au sens moderne. Cette théorie renvoie à la notion de masque ou de déguisement, les textes étant conçus comme des tissus ou des textiles composés de fils et de ficelles. Sur le plan philologique, Alkire se concentre sur la compréhension de l'intertextualité par Hamann et sur sa description de son propre style. L'intertextualité allusive et les pratiques de citation de Hamann prennent une nouvelle signification à la lumière de la découverte dans les manuscrits d'un cas d'altération de la source : après avoir affirmé l'importance déterminante des titres, Hamann modifie une citation cruciale, en y insérant son propre titre. Cet acte est un exemple de ce que Hamann appelle sa propre « Panische Schreibart », que Brian Alkire examine en détail par une lecture approfondie d'une note de bas de page très allusive. L'arrivée de la figure de Pan et son lien avec le concept de panthéisme (alors un sujet de débat majeur dans la pensée allemande, dans la Pantheismusstreit) ainsi que l'attention portée par Hamann aux déguisements et aux tissus conduisent à la partie théorique : quelles sont les théories de Hamann sur le masque, la virtualité et la fictionalité ? En s'engageant avec Spinoza et Leibniz, Hamann aborde une nouvelle compréhension de la virtualité et de la fiction comme force de la nature. Alkire fait dialoguer la notion de virtualité chez Hamann avec le concept de plan d'immanence chez Deleuze, ouvrant de nouvelles perspectives dans les discussions