Prix public : 9,20 €
Né à Sasebo au Japon en 1952, et après avoir étudié le design à l’université des Beaux-Arts de Tokyo, Ryû Murakami publie à 24 ans son premier roman, Bleu presque transparent, qui obtient la même année le prestigieux prix Akutagawa, l’équivalent du Goncourt au japon. La violence et l’érotisme de ce roman à la sensibilité « punk » firent sensation au Japon, avec près d’un million d’exemplaires vendus six mois après sa sortie en librairie. Mais c’est dans son roman culte, Les Bébés de la consigne automatique que son talent se confirme et que sa renommée s’établit. Dans un style déroutant mêlant la poésie à des images de bande dessinée, avec une imagination foisonnante, Ryû Murakami offre une vision angoissante du Japon de la fin du vingtième siècle, et signe là une des œuvres marquantes de la littérature japonaise contemporaine en ayant su traduire de façon déchirante la colère de jeunes êtres sensibles contre l’agressivité du monde moderne. Dans Entre deux mondes, un essai sur la traduction publié chez Inventaire/Invention, Corinne Atlan, qui a travaillé sur quelques livres de Murakami Ryu, écrit ceci : "En France, les descriptions d'une société contemporaine décadente sous la plume d'un Michel Houellebecq peuvent susciter scandales et polémiques mais, au Japon, avec le même type de récit, Murakami Ryû est respecté, «récupéré» d'une certaine manière, par la société qu'il critique, et d'autant plus encensé qu'il accentue le trait. Au Japon, l'auteur a toute liberté pour s'exprimer en son nom propre, il est même sommé de le faire, et nulle «morale» n'intervient dans l'affaire. J'ai évoqué plus haut le rôle de médium de l'écrivain : à travers sa vie et l'exploration de son inconscient personnel, il rend compte de l'inconscient collectif de son peuple, de son époque. Dans l'image reflétée par le miroir de la littérature, comme dans les rêves, qui parfois nous effraient, tout est permis. " Hormis dans son roman autobiographique, 1969, où il décrit avec humour et facilité le déroulement du Mai 68 japonais dans une ville moyenne flanquée d'une base américaine (Sasebo), l'œuvre de Ryû Murakami demeure extrêmement sombre et désespérée : individus isolés, perdus dans le monde d'Internet (Parasites), enfants marginaux et abandonnés dans l'immensité inhumaine des métropoles (Les Bébés de la consigne automatique... ), exclus des mondes parallèles de la prostitution et des bars glauques (Miso Soup etc.), cauchemars sectaires et terroristes (Les Bébés de la consigne automatique, Parasites etc. ), violence gratuite, abandon lent et progressif des traditions, destruction des liens familiaux et collectifs développés par la société nippone autour d'un principe d'assujettissement absolu aux lois de la communauté. L’auteur a également adapté plusieurs de ses romans au cinéma.