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Les communautés politiques contemporaines s'avèrent désormais de plus en plus renfermées sur elles-mêmes : la centralité de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, la question sanitaire des vaccins, les manipulations biotechnologiques du corps humain ainsi que les guerres préventives témoignent d'un souci général et presque obsessionnel de l'auto-immunisation. Dans cet essai Roberto Esposito remonte aux origines théoriques et historiques d'une idée d'État « immunitaire », c'est-à-dire d'une communauté qu'il fallait protéger contre toute agression ou ennemi extérieur, jusqu'au paradoxe effrayant des médecins des camps nazis qui produisaient la mort. En réfutant ce paradigme immunitaire, Esposito reconduit le terme « communauté » à sa racine étymologique latine de «munus», c'est-à-dire de don à l'autre : un environnement où l'instabilité, l'ouverture et l'exposition permanente à autrui sont des éléments constitutifs, à gérer par une approche politique nouvelle et non mortifère.