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Pourquoi parler du différend? Pourquoi employer ce terme comme modalité d'approche des deux ¿uvres de Maurice Blanchot et d'Emmanuel Lévinas? Il ne s'agit pas ici de nier leur rapport d'amitié, mais il faut inverser l'argument : c'est grâce à leur amitié qu'il devient possible d'articuler les termes dans lesquels s'exprime la condition du différend. Qu'en est-il de cette condition? L'argumentation se développe à partir de la thèse suivante : pour pouvoir expliquer la persistance du différend, il n'est pas possible de faire évacuer la question de la subjectivité dans l'événement du langage. D'où l'enjeu d'une confrontation des rapports hétérogènes de Blanchot et Lévinas à cette impossibilité. Les deux auteurs nous permettent d'expliciter le différend à partir d'un contexte phénoménologique. Mais, leurs approches divergentes de l'événement du langage mènent vers un (non-)lieu décisif où le pouvoir du langage est en cause et qui rompt aussi avec la seule description phénoménologique. C'est ainsi, en suivant ce double mouvement qui va au-delà du descriptif, que le lecteur est aux prises avec un écart entre les deux amis qui persiste dans leurs écrits. Là, pourtant, se passe aussi l'essentiel : l'avènement - avant même qu'il soit question de l'être - d'une modification du rapport à soi. En retraçant l'histoire de cet écart qui se dissimule dans le rapport entre Blanchot et Lévinas, cette étude veut à la fois sonder son origine, interroger son insistance et en dégager les termes qui exposent le différend comme une condition qui nous concerne.