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SEPT QUESTIONS A LAURE CAMBAU1/ Une autobiographie en quelques mots.Laure Cambau est poète, pianiste et auteur de contes pour enfants ainsi que de paroles de chansons. En équilibre permanent entre la « fertilité des sons » et la « réalité magique des mots » (D.H Lawrence), elle revendique son droit à l’étrangeté. Elle a publié huit recueils de poésie dont, en 2015, La fille peinte en bleu (Caractères/Ecrits des Forges) et Ma peau ne protège que vous (Le Castor Astral), a reçu le Prix Poncetton de la SGDL pour Lettres au voyou céleste (L’Amandier, 2010), le Prix Orpheus et le Prix Vénus Khoury-Ghata (mention spéciale) pour Le Manteau rapiécé, un voyage au fil du souffle (Unicité, 2018), livre inspiré de sa rencontre – spirituelle et temporelle – avec les Bektachis.2/ Comment répondre à une injonction brusque : « Définissez la poésie » ? Comme disait un berger grec, c’est quand un mot rencontre un mot pour la première fois.Ce serait dire l’indicible, jouer avec la « réalité magique des mots », des poissons dans l’âme, trouver la clé du silence.3/ Prose et poésie, la distinction a-t-elle un sens ?Un poète a écrit un jour : la prose s’écrit sur les lignes, la poésie entre les lignes.4/ De la forme (et du formel) en temps de crise.La forme rassure et aussi, parfois, inspire...Il s’agirait « d’ordonner le monde pour le supporter », « harmoniser les dissonances intérieures pour faire taire le tumulte », « mettre en ordre l’anarchie de l’âme » (essayer du moins...). (Supervielle)5/ Quel avenir pour la poésie ?Le caractère non commercial du genre - tout à fait inutile donc parfaitement indispensable - le protège ; la poésie n’est pas soumise aux lois des Marchés, elle n’en suit pas les cours. Elle échappe même aux phénomènes de « rentrée littéraire ». Ne soyons pas trop ethnocentrés : n’oublions pas la place primordiale de la poésie dans de nombreux pays. L’hégémonie du roman en France est un phénomène plutôt récent.Il faudrait écrire des « poèmes-exorcismes », afin de « tenir en échec les puissances environnantes du monde hostile ». (H. Michaux)6/ La part de la prosodie dans l’élaboration du poème.Je ne fais pas de distinction très précise ; pour moi ce qui compte c’est le rythme, « la force magnétique du poème ». (Maiakovsky)Il m’arrive souvent de « recueillir » des matériaux nocturnes, matière première indéfinie, que je vais « modeler » pour donner des poèmes.7/ La place de la traduction dans l’écriture poétique.Traduire un poème est une tâche impossible. Comment transmettre cette « hésitation prolongée entre le son et le sens » qui caractérise la poésie ? (P. Valéry)Cela implique presque une réécriture, trouver le rythme dans sa propre langue, chercher d’autres doubles sens, des métaphores plus « parlantes »... J’aime traduire à quatre mains, dans un dialogue et un questionnement créatifs ; l’exercice de la traduction m’inspire et souvent me stimule pour ma propre écriture : un « sudoku poétique » en quelque sorte...