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SEPT QUESTIONS A SARAH RIGGS1/ Une autobiographie en quelques mots.Poète, cinéaste, artiste et traductrice, j’habite New York, où je suis née. J’ai vécu en France et au Maroc.2/ Comment répondre à une injonction brusque : « Définissez la poésie. »La poésie est la part des sentiments que l’on éprouve dans un registre transcendant. Où l’on peut trouver une forme d’apaisement. Où l’on peut ressentir, avec plus d’acuité, ce que l’on croit savoir.3/ Prose et poésie, la distinction a-t-elle un sens ?À l’heure actuelle, une grande partie de la prose peut être considérée comme de la poésie. La distinction la plus importante est de savoir si nous suivons les mouvements d’un ensemble de personnes – comme dans le roman en prose – ou si nous participons à un débat avec nous-mêmes. 4/ De la forme (et du formel) en temps de crise.Audre Lorde écrit que tous les temps sont des temps de crise, que partout, des gens souffrent. La forme suit les nuances et les points de vue propres au poète en question et donne un sens à l’intuition aiguë. La forme dans un moment de crise nous permet d’être à l’intérieur de ce que Anne-Marie Albiach définit comme l’endroit « où la césure est visible ».5/ Quel avenir pour la poésie ?Certaines poésies s’éteignent, comme celle des femmes amazighes chantant le ramassage des broussailles pour prévenir les incendies de forêt, tandis que d’autres naissent, par exemple celle venue des communautés trans. Toutefois, la poésie ne se laisse engloutir ni par les projets immobiliers, ni par les fermes industrielles. Là où il y a de la résistance, il y a de la poésie.6/ La part de la prosodie dans l’élaboration du poème.Chaque poète élabore sa propre prosodie – certains, comme Rae Armantrout, sont devenus très fort dans un domaine particulier. D’autres, comme moi, expérimentent des formes multiples, parfois tout au long d’un livre, parfois pour une seule séquence d’un poème. Suivre la logique de la prosodie permet à sa logique même de se déployer.7/ La place de la traduction dans l’écriture poétique.La traduction est un phénomène instable – auquel il arrive d’être utilisé dans le but de coloniser ou exercer une forme de contrôle. Afin de rendre hommage à la véritable diplomatie intrinsèque de la traduction artistique, on se doit de creuser l’autre langue et l’âme de l’écrivain – qu’il soit encore parmi nous ou non. J’ai longtemps compté sur la traduction comme source d’inspiration pour écrire de la poésie. C’est à la fois la lecture, et, d’une certaine manière, l’écriture de l’autre la plus profonde qui soit. Pour reprendre les mots de Cole Swensen, il s’agit de « se mettre dans la peau de l’autre »