Prix public : 50,00 €
L’œuvre « La ligne – la prim’ombra – la perte » est fondée essentiellement sur un récent poème de l’un des poètes importants de notre époque : Anne-Marie Albiach. Il ne s’agit pas de mettre en musique le poème, celui-ci s’en passe très bien comme tout poème digne de ce nom. Devant l’impératif du respect du poème, il m’est apparu légitime de me retrouver dans la situation transférentielle d’un traducteur pris aux rets assumés de ses dénouements plutôt que dans la pratica d’un compositeur égrenant sa musique au service d’une parole ou de sa musique elle-même.La forme se divise en trois tableaux qui totalisent dix-sept mouvements. C’est à la fin du second tableau qu’intervient le chœur d’enfants, lui-même composé de trois mouvements. La matière textuelle provient de trois fragments de Nicolas de Cues – en latin, Sigmund Freud – en allemand, et de Jean-Luc Nancy, ici traduit pour la circonstance en latin par Pierre Monat. Ces trois citations se retrouvent superposées à la manière de l’étalage des textes dont la pratique remonte aux motets issus du Moyen Âge. Ces auteurs m’ont paru pouvoir entretenir contrapuntiquement un dialogue fertile avec le chant du poème. En tous les cas, ils réintroduisent une pensée qui précisément se trouve reflétée ou impliquée via le travail du texte. Cependant la teneur dialogique ne s’arrête pas là, puisque le blanc initial du titre du poème compris entre La ligne et la perte a été investi par une autre référence : celle d’une lecture parallèle du livre d’Agnès Minazzoli, La première ombre, titre lui-même prélevé du « Canto XXVIII » du Purgatoire de Dante.Création des neuf mouvements par le chœur de la maîtrise Saint-Jean de Lyon, Marie-Claude Vallin et l’orchestre des Pays de Savoie sous la direction de Mark Foster, les 16 et 17 juin 2001.Cette œuvre a fait l’objet d’une commande d’État.