Prix public : 10,00 €
Bien loin de constituer un ouvrage isolé dans la production de Max d’Ollone, Sous-Bois appartient, avec L’Été, Hymne et Dans la tempête à un ensemble de quatre chœurs réalisés dans le contexte particulier du concours pour le prix de Rome. Institué en 1803, supprimé dans la foulée des événements de mai 1968, ce dernier fut pendant plus d’un siècle et demi le plus convoité des prix français de composition musicale. Organisé par l’Institut, il garantissait à ses lauréats, à défaut de l’assurance d’une future carrière sans embûches, du moins l’entrée par la grande porte dans le monde artistique et quelques années de pension en Italie, dans le cadre prestigieux de la villa Médicis. De fait, bien peu résistèrent à l’attrait de cette récompense susceptible de marquer avec éclat l’aboutissement de longues années d’études. Même parmi les représentants les plus progressistes de l’art français, tels Berlioz, Debussy ou Ravel, on s’appliqua à répondre aux attentes plutôt conservatrices de l’Académie des beaux-arts. C’est à partir de 1894 que d’Ollone se présenta aux deux épreuves qui constituaient alors le concours. La première, éliminatoire, consistait en la réalisation sur une semaine d’une fugue et d’un chœur avec accompagnement d’orchestre sur un poème donné ; la seconde en la composition d’une grande cantate pour trois voix solistes, à l’image de cette Frédégonde avec laquelle il remporta son premier grand prix.Achevé le 12 mai 1897 à l’occasion de sa quatrième et dernière participation au prix de Rome, Sous-Bois ne compte certes pas parmi les ouvrages les plus représentatifs ou les plus avancés de Max d’Ollone. Œuvre de jeunesse, œuvre de concours, elle fut avant tout conçue pour répondre à diverses exigences dont le musicien n’était pas véritablement le maître. Toutefois, entre manifestation, somme toute naturelle, de l’influence exercée par Jules Massenet, pure démonstration technique et respect d’une certaine tradition académique d’élégance et de clarté, il restait encore de la place pour l’expression d’une véritable sensibilité. Ainsi, comment ne pas admirer dans ces quelques pages le délicat équilibre obtenu entre la richesse de l’accompagnement et l’apparente simplicité de l’écriture chorale ? Fidèle à l’esprit du poème de Philippe Gille, c’est avec une fraîcheur toute naturelle, presque sensuelle, que l’auteur parvient à mettre en valeur sa maîtrise de la forme et du timbre, de l’harmonie et du contrepoint, en un tout homogène d’une assurance rare chez un si jeune musicien. Profondément ancré dans l’héritage du XIXe siècle français à une époque ou l’art musical cherchait à explorer de nouvelles voies, Sous-Bois témoigne de cette esthétique particulière propre aux ouvrages du prix de Rome. Longtemps décriés comme de simples exercices de style profondément passéistes, ils n’en recèlent pas moins de véritables beautés qu’il convient aujourd’hui de redécouvrir.Cyril Bongers