Prix public : 12,00 €
Un poète de cette qualité peut-il disparaître corps et biens ? Non pas seul, d’ailleurs : avec Carco, Derème, et quelques autres de cette « école fantaisiste » qui, en marge des bruyantes révolutions de l’art et de la littérature, celles où toujours un clou chasse l’autre, se piquait seulement de savoir faire des vers. Et quels vers ! Virtuosissimes, à la fois délectables et délictueux, plus retors qu’il n’y paraît, ne sacrifiant à la rime, luxueuse, au rythme, acrobatique, à l’enjambement, espiègle et farfelu, que dans la mesure où la pensée s’en trouvait plus acérée encore, entre humour et mal de vivre, entre ironie et désespoir. Leur maître, Paul-Jean Toulet, est encore un peu vivant, grâce à quelques accents (« Prends garde à la douceur des choses ») qui persistent dans toutes les mémoires. C’est à son art de l’esquive, de la pudeur émue, que s’apparentent les deux poèmes de Jean Pellerin que j’ai voulu mettre en musique ; on y parle, une fois de plus, de l’amour et de la mort, ces deux figures obligées de notre théâtre ; et si dans le second la douleur s’exprime sans ambages, c’est qu’à ce masque-là l’acrobatie d’une rime ou d’un rejet n’enlève rien de sa gravité.