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L’importance que Cristóbal de Morales donnait à la composition de messes est bien connue, même si, paradoxalement, il s’agit de son répertoire le moins interprété. Bien que la plupart de ce répertoire ait été imprimé, quelques exemples de messes manuscrites subsistent, dont celle connue comme « missa cortilla » (messe courte), que l’on retrouve parmi les œuvres de Morales copiées sur le manuscrit 5 de la cathédrale de Valladolid.Cette messe est écrite sur un motif récurrent (la mélodie fa-ré-ut-fa-sol-la), qui a d’ailleurs donné son titre à la messe dans certaines sources. La répétition incessante de ces notes de solmisation confère à l’ensemble de l’œuvre une remarquable homogénéité et un caractère presque hypnotique. La polyphonie imitative est la technique d’écriture la plus présente dans la messe, et ceci même dans des sections comme le Gloria et le Credo, qui intègrent cependant des passages homophones, notamment sur « Tu Domine fili unigenite », « Tu solus altissimus » du Gloria ou bien « passus et sepultus est », « cuius regni non erit finis » et « et apostolicam ecclesiam » du Credo.Signalons également que Morales use fréquemment d’enchaînements de courts passages imitatifs séparés par des silences très brefs, évitant ainsi un écoulement contrapuntique continu.Une autre particularité de cette messe réside dans sa brièveté due à des sections de longueur réduite en comparaison des usages de l’époque. Le caractère bref, presque fonctionnel de cette messe, suggère un contexte processionnel, instrumental ou demandant simplement une certaine simplicité de moyens dans l’interprétation.L’Agnus Dei – inexistant dans la copie de Valladolid – a été ajouté suivant la version tolédane de l’œuvre. Une seconde version du Gloria a été donnée, provenant du manuscrit de Silos.Cette messe devait être assez connue et appréciée pour avoir été copiée en Amérique et surtout pour avoir été interprétée en 1583 dans un endroit aussi éloigné que Luanda, la nouvelle capitale de l’Angola, par des chanteurs locaux de surcroît.Cristina Diego Pacheco