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Cette édition de l’œuvre intitulée Fantaisie sur un seul accord, composée autour de 1800, se fonde sur les manuscrits Ms 12063 et 2496 de la Bibliothèque nationale de France. Le second manuscrit correspond en fait à un recueil intitulé Practische Beispiele [Exemples pratiques] et composé de 24 morceaux pour piano avec texte explicatif. Fantaisie sur un seul accord en est le no 4.Cette œuvre fut écrite à une période où Reicha expérimentait de nouvelles idées de composition. Dans Practische Beispiele, on trouve par exemple, une pièce écrite sur trois portées, chacune ayant une indication de mesure différente, ainsi que deux morceaux, les nos 6 et 12, dans lesquels douze des touches noires doivent être accordées un demi-ton plus bas afin de permettre la répétition rapide d’une même note ou de faire des superpositions de notes identiques. Dans le no 12, la portée inférieure est écrite en fa majeur et la portée supérieure, contenant les notes modifiées, a une armature de cinq dièses, suggérant si majeur ou sol dièse mineur, mais produisant seulement, en réalité, les notes de la gamme de do majeur.La Fantaisie sur un seul accord fait partie de ces expériences. Alors que dans le no 15 du Practische Beispiele et dans la 13e de ses 36 Fugues de 1805, le compositeur n’utilise que sept notes, il va ici beaucoup plus loin en se limitant aux trois notes de l’accord parfait de mi majeur. Reicha nous explique en détail son intention dans son commentaire sur l’œuvre : « On ne trouve dans cette fantaisie ni appoggiature ni tenue, ni ce qui résulte de l’utilisation des tonalités, ni l’alternance de consonances et de dissonances ; pas une note de passage, ni même un enchaînement consonant de sons fondamentaux ; et personne ne pourrait cependant nier la diversité de cette fantaisie : comment cela se peut-il ? Tout naturellement. L’esprit, contraint par l’économie de moyens, cherche (et trouve) des solutions qu’il n’aurait peut-être jamais envisagées ; et son but est alors atteint. […] La pratique de tels exercices pour atteindre les mêmes buts par une économie de moyens est d’un grand profit pour le compositeur ; il devient alors plus attentif à des choses auxquelles il n’aurait pas réfléchi. »Michael Bulley