Prix public : 15,00 €
François Cusset revient dans cet ouvrage sur ce « moment » confinement qu'il décrypte comme le génie indécis, vaporeux, qu'a laissé s'échapper pendant quelques semaines cette lampe du confinement, merveilleuse et terrifiante à la fois. Une analyse érudite et originale qui permet d'envisager, qui sait, un nouvel horizon d'avenir désirable.
Pendant ce moment où tout s'est arrêté, quelque chose a commencé, qui n'a pas de forme. Pendant ce moment où rien n'avait lieu, quelque chose s'est passé, dont on n'a pas de trace. Ce moment d'involution sur soi a eu quelque chose de révolutionnaire. Ce moment de désoeuvrement pour tant de gens est peut-être notre oeuvre à venir ; ce moment de grande solitude, le seul lien qui nous relie encore (plus, désormais, que la peur, la dictature sanitaire et l'horrible distanciation sociale): ce moment invraisemblablement improductif, qui a fait plonger l'économie-monde plus brutalement que toutes les catastrophes du vingtième siècle, a bel et bien produit quelque chose, une vérité, une vérité cruciale que la suite de l'épidémie et la bêtise des pouvoirs ont tout fait, depuis lors, pour nous voiler. Ils firent tout, et continuent de le faire, pour que les simulacres et le spectacle en continu reviennent recouvrir ce qu'on avait entrevu, que l'on peine à exprimer mais que ces quelques pages voudraient librement évoquer: un autre corps, un autre rapport social, une autre relation avec le temps ou avec les nuages du ciel, une disponibilité effarante, affolante ou consolatrice selon les cas, au vide qui partout s'imposait, dedans comme dehors.