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Jamais théorique, toujours réfractaire aux systèmes dogmatiques, la pensée de Vigny, profondément libérale, s’est développée à travers des formulations poétiques qui ont déconcerté la critique. Alfred de Vigny est l’un des maîtres du romantisme. Aux côtés de Hugo, il a voulu se faire l’un de ces « prophètes » chargés de veiller à la réforme de la société sortie des décombres de la Révolution. Si l’on ne peut faire de lui un homme politique, son œuvre poétique et romanesque, conçue comme une œuvre totalisante, a été consacrée à l’analyse du fait politique. Vigny, toute sa vie attentif aux interrogations contemporaines, grand lecteur de la presse, de plus en plus déçu par les jeux du système parlementaire, a suivi les méandres dans lesquels démocratie et liberté ont été plongées, d’une révolution à l’autre, de la Restauration au Second Empire, en passant par la trop bourgeoise monarchie de Juillet. Jamais théorique, toujours réfractaire aux systèmes dogmatiques, sa pensée, profondément libérale, s’est développée à travers des formulations poétiques qui ont déconcerté une critique incapable de saisir la continuité idéologique. Sophie Vanden Abeele-Marchal renouvelle une mise en perspective réductrice et peu concluante, qui a conduit à la légende d’un poète hautain et solitaire – voire prêt à servir d’espion à l’administration de Napoléon III. Elle propose de partir d’une analyse des termes et des formes poétiques à l’œuvre chez Vigny, dans les romans, les lettres ouvertes, comme dans la poésie, à la lumière aussi des récentes publications de la correspondance. Décortiquant les termes de la pensée politique moderne, on découvre comment Vigny, toujours prêt au débat, toujours attentif à son indépendance, se fait penseur du politique en analysant d’une façon originale les mécanismes de la langue post-révolutionnaire pour en signaler les abus, les mensonges et les sophismes, sans jamais renoncer à son idéal humanitaire. Sophie Vanden Abeele-Marchal, maîtresse de conférences à la faculté des Lettres de Sorbonne-Université, a consacré ses travaux à l’œuvre d’Alfred de Vigny, dont elle a édité Chatterton, Cinq-Mars et Stello. Après Madeleine Ambrière, elle dirige actuellement l’édition de la correspondance du poète. Spécialiste de l’histoire des idées du premier XIXe siècle, elle a travaillé sur les formes de sociabilités et a édité l’ouvrage de Michel Lichtlé, Balzac et la loi, et publié une récente biographie d’Alexis de Tocqueville.