Prix public : 13,50 €
Onze ans séparent Ecrire dans le noir et Sortir. Car il aura fallu beaucoup de temps pour passer d'une écriture à une autre. La visée originale était de changer de forme, de « sortir » de la forme de Ecrire dans le noir (qui utilise le verset long) pour passer à une écriture plus minimaliste. Il s'agit de ramener l'écriture à une dimension plus « pauvre », moins « baroque ». Dès l'origine le titre et la structure se sont imposés : « Sortir », avec trois parties Dedans / jardins / Dehors, encadrées par un prologue et un épilogue. On le voit un mouvement est perceptible. Mais les mots sont souvent plus forts que la volonté de l'auteur. Sortir n'est pas un mot innocent. Dedans, et sans jeu de mots, il y a, selon l'étymologie, tirer au sort, se livrer donc au hasard. Il en résulte qu'au fil du temps, le projet s'est modifié considérablement. Certes le titre demeure, certes, les trois mouvements principaux demeurent, mais la forme propre du poème qui devait être systématique n'a pas été tenue. Certains poèmes renouent avec le verset (comme dans Jardins d'hier), d'autres sont marqués par une syntaxe plus complexe comme (L'ombre et sa nuit). Et le livre dont la structure rigide a en apparence était maintenue se trouve déséquilibré : « Dehors » n'est qu'une série continue de poèmes brefs qui contredit l'architecture serrée de Dedans, avec ses trois mouvements. De plus à l'intérieur du livre il y a le fantôme d'un autre livre, livre de deuil celui-là (dont le titre était « jardin perdu là où je ») et qui était composé de « La Chambre » et de « jardins d'hier » (mais sous d'autres titres), à la mise en page jouant parfois sur la « double page », l'espace du blanc. Sa redistribution à l'intérieur de Sortir tend à « déséquilibrer » l'ensemble, c'est-à-dire aussi à le mettre en mouvement, « sortir » du sentiment de perte, de soi, de l'autre, du deuil.