Prix public : 6,50 €
“Quelle est donc cette exhibition si indécente qui rappelle sans cesse ton opulence ? Es-tu le seul à être riche ? Par les dieux immortels ! Que ne serais-je pas heureux d’avoir entendu et appris là quelque chose ? Es-tu le seul à être riche ? Et si tu n’étais pas riche ? Et si, même, tu étais pauvre ? En effet, quel sens donne-t-on au terme de « richesse » et à qui l’appliquons-nous ? M’est avis que ce terme sied à celui qui possède tant que, pour vivre en homme libre, il s’en satisfait sans peine, à celui qui n’a nulle attente, nul désir, nul souhait superfétatoire.” À son ami Brutus, auquel sont dédiés ces paradoxes, l’auteur confie les avoir énoncés par jeu. Cicéron se donne pour règle d’exposer comme des lieux communs des idées dont les Stoïciens peinent à convaincre de la véracité. L’honnêteté, la vertu, la beauté morale, la sagesse, la liberté et la richesse sont ainsi discutées à travers six paradoxes : la beauté morale est le seul bien ; il suffit d’être vertueux pour être heureux ; il en va des fautes comme des bonnes actions : elles sont toutes égales ; sans la raison nous ne sommes que folie ; tous les sages sont libres et tous les insensés sont esclaves ; seul le sage est riche. Il s’agit paradoxalement, pour Cicéron, de rendre probables des opinions qu’il juge vraies. Débutant chacun de ses commentaires par une affirmation qui ne semble souffrir nulle discussion, Cicéron souhaite qu’elle soit accessible à tous afin d’emporter l’adhésion. Ludiques, ces paradoxes sont aussi pamphlétaires. Rédigés en 46 av. J.-C., alors que la république est menacée, ils permettent à Cicéron de se rendre utile à la cité, en inoculant dans l’esprit des citoyens romains les vertus stoïciennes, en érigeant la philosophie en arme de combat. C’est donc sur la place du forum elle-même que l’auteur souhaite voir débattues les questions qu’il y soulève. Et ce, littéralement, contre la doxa.