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“Les esclaves qu’on mettait au travail dans les champs du Sud provenaient de toutes les régions d’Afrique où sévissait la traite négrière. Que ce soit en chantonnant pour eux-mêmes, en criant des hollers d’un bout à l’autre du champ, ou en chantant collectivement pendant les heures de travail ou de culte, ils construisirent un langage musical hybride où se retrouvait la quintessence d’innombrables traditions vocales africaines.” Deep Blues est le livre définitif sur la musique la plus influente du siècle passé. Le récit de sa genèse se double nécessairement de celui de l’exode. Car raconter l’histoire du Blues revient à raconter celle des esclaves noirs : enlevés d’Afrique, broyés par la ségrégation raciale et exploités dans les plantations, les initiateurs du blues trouvèrent dans la musique leur salut. Certains s’en servirent pour exorciser leurs démons ; d’autres, comme Robert Johnson, n’hésitèrent pas à vendre leur âme au diable. Dans un style saccadé, lancinant, Robert Palmer restitue la dimension transcendantale de cette musique. Si le blues est un genre musical, c’est aussi un état d’esprit, une mystique. C’est la recherche d’une voix singulière pour faire oublier le quotidien sordide et les malheurs sentimentaux. Digne d’un grand roman américain, Deep Blues dévoile une mosaïque de portraits saisissants : Muddy Waters, Robert Johnson… Mais le blues ne saurait se résumer à quelques grands noms. Comme toute musique populaire, il résulte d’une réappropriation continue de son répertoire par de nouveaux musiciens. Le blues, davantage que le reflet d’une vie d’esclave, en constitue plutôt le dépassement : une musique libre qui se passera toujours de propriétaire.