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Ce dossier de six articles est consacré aux mutations affectant l'économie de Smyrne entre le XVIIe siècle et le début du XXe siècle, en lien avec les choix capitalistes des acteurs européens et ottomans. Les auteurs proposent des textes originaux basés sur des dépouillements d'archives. La stratégie de certaines grandes firmes est éclairée à l'aune de sa singularité et de son impact, tout comme la réorganisation des liens à distance entre l'Europe occidentale et le port anatolien, dans un contexte de mutations profondes. L'analyse des réseaux revalorise le XIXe siècle ainsi que les liens avec l'arrière-pays smyrniote. On observe ainsi que les liens familiaux et d'amitié, ainsi que les soutiens politiques, permettent à certains entrepreneurs de pénétrer des marchés étrangers. Au cours du XVIIIe siècle, Smyrne s'affirme comme la principale échelle du Levant. Elle devient ainsi l'interface majeure en Méditerranée orientale, à la jonction des routes caravanières qui traversent les Proche et Moyen-Orient et des voies maritimes qui la relient à l'Europe marchande. Or, ce développement intervient dans un contexte de réaménagement des hiérarchies négociantes. L'activité commerciale smyrniote a déjà fait l'objet de nombreuses études, envisageant essentiellement les aspects institutionnels, la concurrence entre Européens ou l'intégration au marché international. Ce dossier s'efforce d'enrichir l'appréhension des mutations macro-économiques à l'œuvre en explorant les choix capitalistiques des acteurs, dans leur originalité et leur singularité. Les notions d'agency, de confiance ou d'interconnaissance sont mobilisées afin d'appréhender les modes de gestion de l'incertitude, qu'elle soit environnementale ou humaine, ainsi que les erreurs et les réussites. Il s'agit de saisir la combinatoire labile faite de la recherche du profit maximum, de la perception imparfaite des conditions du marché, de la dépendance de sentier et des contraintes inhérentes aux réseaux sociaux, autant de facteurs dont la conjugaison interroge et explique les mutations de l'économie ottomane ainsi que la « crise du Levant » au cours de la seconde modernité.