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L'éclat et l'énergie des énoncés inconvenants et paradoxaux tiennent à la façon dont ils attaquent soit la logique ou le bon sens, soit la civilité ou la morale, soit les deux à la fois. Subtils ou agressifs, ils interrogent et relativisent l'aspiration ou la prétention au sérieux dans la pensée. Bien qu'ils n'aient pas été toujours produits au sein de l'institution littéraire, ils apparaissent comme des manifestations particulièrement exemplaires de la créativité langagière, et à ce titre de la poéticité. C'est pourquoi les littéraires en général et les stylisticiens en particulier peuvent les considérer comme d'excellents candidats pour illustrer ce que l'art littéraire ou la fonction poétique « font » à la pensée, et ce que la pensée fait à la forme. La question clé qui sous-tendait ce 4e colloque de l'AIS (Association Internationale de Stylistique), qui a eu lieu à l'automne 2018 à Aix-en-Provence, engageait ainsi deux notions a priori hétérogènes : le paradoxe, notion logique bien balisée, et l'inconvenance, qui relève du jugement de valeur, de nature morale. La problématique comportait également deux aspects à l'articulation délicate : d'abord s'interroger sur les formes et les enjeux du charme de ces énoncés, aux fonctions fort diverses et qui sont inclus soit dans des textes mais détachables, soit dans des phrases sans texte au statut encore plus incertain ; mais, plus intéressant, se demander en quoi ces énoncés pourraient relancer la quête d'une définition de la fonction poétique.