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Nous vivons une drôle d’époque où le monde prétend qu’il offre de quoi nourrir la jouissance. Perspectives que l’art contemporain déçoit et qui lui vaut d’être inquiété par le tribunal du bon goût, car l’art contemporain ne se destine pas à la jouissance du sujet. Mis au ban pour participation à la déconstruction, poursuivi pour attentat contre le beau, atteinte au sublime, accusé de n’être que placement et blanchiment d’argent, condamné pour élitisme, entendu pour incitation à nuire au chef-d’œuvre… l’art contemporain ne cesse d’être inquiété par le tribunal du bon sens et du bon goût qui lui reproche moult défaillances et « haut(r)es » trahisons. Qui partagera ce descriptif émettra un verdict sans appel : « l’art contemporain, c’est nul ». Un effort de réflexion permettrait, pour filer le paradigme judiciaire, de « faire appel ». Sans doute, l’art contemporain ne se destine pas à la jouissance du sujet. En d’autres termes, l’art contemporain entretient un lien ténu à la frustration du désir de jouir. Il ne fait pas jouir, « pas jouir tout le monde ». Fin de l’orgasme collectif donc ! Bien, mais alors que penser de tout cela et de ce que l’on pourrait appeler « la centritude du sujet » qui conduit, in fine, à poser qu’il n’y a d’œuvre que parce qu’il y a de l’ego satisfait, de l’égo qui jouit (celui de l’artiste comme celui du spectateur) ? Que penser de cette centralité du sujet et de ce « tout à l’égo » qui semble s’être mis en place au dépend de l’œuvre dans l’art contemporain ? Et, mais encore, la « centritude du sujet » se réduit-elle à la jouissance ? Il doit bien y avoir des marges, y compris dans le centre, à l’intérieur de l’égo ! Il doit tout de même bien y avoir d’autres manières d’ergoter…