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Dans son choix grec, la philosophie a pensé la vie, mais non pas vivre?; et le religieux, qui prenait en charge la question du vivre, est aujourd'hui en retrait. De là que vivre soit laissé en friche, abandonné au prêche ou bien au truisme?; et que prospèrent le Développement Personnel et le marché du Bonheur vendant vivre comme du « tout positif ». Or vivre est paradoxal, s'étendant du vital au vivant. Il est à la fois la condition de toutes les conditions?: être en vie?; et l'aspiration de toutes nos aspirations : vivre enfin?! Nous sommes en vie, mais nous n'accédons pas pour autant à vivre. Car la vie d'elle-même rabat la vie. De là que nous puissions être nostalgiques de la vie au sein même de la vie - ou que «?la vraie vie est absente?». Or, c'est à travers cette inanité même de «?la vie?» que nous pourrons voir transparaître à l'envers l'inouï de vivre débordant le déjà vécu et l'ouvrant à de l'« in-vécu », quitte à s'y heurter à de l'Invivable?; et, puisque vivre n'est, au fond, qu'ouvrir des possibles, nous pourrons alors rouvrir des possibles dans nos vies, au lieu de les laisser s'étioler. Car répéter qu'il faut «?cueillir le jour?», «?profiter de la vie?», n'a pas prise sur la vie. Traçons donc plutôt, pour nous y repérer, une carte de ces possibles intensifs entre lesquels décider vivre. Vivre y reparaît alors dans sa ressource, dans son essor, dans son «?matin?», dégagé de ce qui l'enlisait, au fil des jours, et l'emmurait. Telle est la «?transparence du matin?», en amont de tous les enseignements de la morale. F. J.