Prix public : 36,00 €
Dans le cadre contraint de l'administration coloniale française, la classe dominante consentit à la masse noire une école primaire d'Apartheid dans les mornes, les hameaux et les bourgs, qui ne disparaît que très progressivement depuis 1946, en laissant dans la société martiniquaise le schème de l'échec scolaire qui lui est associé. Les décideurs du xxie siècle ont à combattre, en même temps que l'échec scolaire, les méfaits de la désunion du peuple et ceux de l'oubli, héritages de la colonisation esclavagiste puis postesclavagiste, ainsi que de l'action politique des formations compradores qui aboutit aujourd'hui à l'assimilation. Le mal-développement, l'analphabétisme, la précarité économique et l'exclusion n'ont pas été partagés. Ils ont été accumulés sur la masse noire formée par les descendants des derniers esclavagisés nègres et des immigrants indiens et africains naturalisés français et qui constituait alors la démocratie locale et le pouvoir parce qu'elle était le nombre. Mais elle était aussi la seule à l'ignorer, à cause de son bas niveau d'instruction. Les deux autres ethno-groupes entretinrent alors une guerre hégémonique à son détriment : colons blancs ou békés, mulâtres et leurs alliés développèrent des stratégies pour accroître leurs pouvoirs et conserver leurs acquis respectifs. En bonne place parmi ces stratégies, se trouvent le contrôle de l'instruction publique, la diffusion de l'idéologie mulâtre et le culte de l'oubli.