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Qu’est-ce que le père ? Le spermatozoïde ? Le géniteur ? Le personnage qui inscrit un enfant à l’état civil ? Celui qui prodigue ses soins et transmet ses valeurs sans même être père biologique ou père légal ? Pour Freud, le père était un Totem. Mais, en 1953, Lacan fait un pas décisif en introduisant le signifiant du Nom-du-Père pour souligner sa valeur symbolique et introduire une fonction. De sorte que le père ne tient son existence que du langage, ce qui transcende le père de la réalité... lequel est comme tel désigné par la mère ! S’écartant du mythe, Lacan, solidement appuyé sur la linguistique, s’oriente alors vers la structure. Mais, découvrant que la métaphore ne peut rendre entièrement compte de ce qu’est le père, il en vient à pluraliser le Nom- du -Père, tirant le père du côté de l’exception, le père au un par un...<br /><br /> Quelques 60 ans plus tard, le constat annoncé s’impose désormais : l’horizontalité des réseaux s’est substituée à la verticalité de la hiérarchie, dans la grammaire et l’écriture comme dans la loi du genre, la différence est mise à mal. La science s’en est mêlée : il est possible d’avoir un enfant sans père. Nos liens se délitent, nos discours sont convenus, les « éléments de langage » sont des viatiques.<br /> Une opinion bien-pensante déferle et se montre chaque jour plus puissante, plus tyrannique. Les institutions en sont contaminées car c’est l’air du temps. Le policier n’est plus craint et le juge substitue souvent la morale au droit. Tels sont les effets de « l’évaporation du père », du père qui nomme et qui dit non !