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Bordeaux dans les années 1950, semble une ville tout droit sortie des romans de Mauriac, fermée, secrète, repliée sur son passé. Certes, le poids de la guerre est là. Mais Bordeaux est loin d'avoir été, comme Lyon, capitale de la Résistance. Elle ne fut pas une ville rasée par les bombardements alliés comme Royan, Saint-Malo, ou Le Havre. Elle garde un amour inavoué à son maire déchu, Adrien Marquet, frappé d'indignité nationale, mais tant aimé des Bordelais. Se souvenant de sa fortune du XIXe siècle, elle croit son port éternel. Elle s'est donnée une nouvelle virginité avec un jeune général qu'elle regarde avec méfiance. Ville de l'Ouest tournée vers les terres, à cheval sur un fleuve auquel elle tourne le dos, capitale sans arrière-pays, qu'elle est mystérieuse, belle et attachante, cette ville des secrets, arrimée à son passé, hésitante devant l'avenir, fermée sur les lourds mystères cachés derrière ses murs noirs. Et pourtant, dans ces années 1950 où Bordeaux a du mal à sortir de la guerre, les mutations se préparent, les énergies bouillonnent, la création mûrit, la vie surgit. Alors que les derniers paquebots de ligne tracent leurs sillages, que le procès de Marie Besnard a des parfums de Thérèse Desqueyroux, qu'amoindries arrivent les nouvelles d'une guerre coloniale qui se perd quelque part en Indochine et celle qui débute puis se développe en Algérie, Bordeaux en silence fabrique son avenir, prépare son épanouissement à venir. C'est ce Bordeaux, sombre et vivant, ce Bordeaux des années 1950, que nous avons voulu faire revivre.