Prix public : 7,50 €
...Il est à la mode d'écrire sur son père, sa mère, leur mort, la maladie qui la précède éventuellement. Écrire les derniers mois, les derniers jours et conclure par un pardon pour solde de tout compte. En ce qui me concerne, le pardon me semble impossible tant que je ne pourrai cesser de lécher mes plaies d'une langue répétitive et appliquée, comme le chien auquel mon père nous a comparés, mon frère et moi. Sans doute vaut-il mieux les gratter furieusement, les ouvrir jusqu'à l'os pour laisser s'échapper leurs humeurs putrides, et alors, seulement, espérer leur assèchement, leur devenir en cicatrices enfin non douloureuses, pouvoir laisser la souffrance sortir de soi, l'évacuer, cesser les tentatives de l'étouffer sous les petits coups de langue de la fiction ainsi que je l'ai fait jusqu'à présent. Ne plus être une momie enserrée dans les bandelettes mortifères mais vivre, libre. Et écrire...