Prix public : 28,00 €
La sociologie de la réception artistique essaie de tirer les conséquences du fait – souvent rappelé théoriquement, mais plus rarement exploré empiriquement – que les œuvres n'existent et ne durent que par l'activité interprétative de leurs publics: lecteurs ou spectateurs figurent toujours en tiers entre le sens dont l'artiste a doté une œuvre et celui qu'elle prend pour ceux qui la reçoivent. Pour saisir ces réceptions en actes qu'en 1987, une équipe d'enquêteurs emmenée par Jean-Claude Passeron et Emmanuel Pedler avait suivi les visiteurs du musée Granet d'Aix-en-Provence, chronomètre en main. L'objectif: mettre en évidence les ressorts sociaux du « temps donné aux tableaux ». C'est de cette étude originale que rend compte cet ouvrage initialement paru en 1991, et qui a été beaucoup plus souvent cité que véritablement lu. La réédition qu'en propose aujourd'hui la Bibliothèque idéale des sciences sociales est augmentée de plusieurs textes importants dans lesquels les deux sociologues ont poursuivi ces analyses sur la réception des œuvres artistique, à la fois dans le domaine pictural et dans le domaine musical. S'attachant à décrire et mesurer précisément les « pactes » de réception artistique qui se nouent ainsi entre les œuvres et leurs publics, l'ensemble propose une sociologie centrée sur le sort réservé à des œuvres singulières, qui se distingue de la sociologie de la consommation culturelle qui occupe encore aujourd'hui la plus grande place dans les enquêtes en sociologie de la culture. Elle vise en effet à identifier les actes sémiques de l'expérience esthétique en les cernant par des indicateurs objectifs – ce en quoi elle relève pleinement de la sociologie d'enquête. En complément de cet ensemble de textes, un long entretien avec Jean-Claude Passeron et Emmanuel Pedler permettra aux lecteurs de découvrir la perspective générale dans laquelle s'inscrivait cette enquête exemplaire, et comment elle a influencé leurs travaux ultérieurs. Enfin, fait probablement inédit, cette réédition met à la disposition des lecteurs les données originales de l'enquête, leur permettant ainsi de prolonger par eux-mêmes les analyses des auteurs et d'explorer plus avant les pistes ouvertes par une approche dont la fécondité heuristique reste toujours aussi vive.