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L'objectif de ce dossier est de mettre en évidence la frontière poreuse entre univers en ligne et univers hors ligne que révèle le discours de haine dans les réseaux socionumériques. Cette porosité se comprend à travers cinq problématiques que le dossier cherche à étayer: (1) la question des représentations préalables qui nourrissent le discours de haine; (2) son orientation actionnelle et les actes de langage opérés; (3) les rapports de force qu’il cristallise; (4) la question des cibles concernées; (5) la tension sous-jacente entre discours de haine et liberté d’expression. Dans cette perspective, les univers « en ligne » et « hors ligne » ne sont pas des zones distinctes ou des environnements discursifs différents, mais plutôt des espaces qui s’interpénètrent, compte tenu des spécificités propres aux différents supports. Les luttes définitionnelles de ce qui est socialement et juridiquement acceptable se jouent hors ligne et, de manière plus brutale peut-être, en ligne, parce qu’exacerbées et polarisées, incitées en cela par les formats courts, l’anonymat et la spontanéité. De ce fait, le discours de haine met à l’épreuve les principes démocratiques de liberté d’expression et d’opinion, en ce qu’il place au centre du jeu la lutte pour le dicible légitime. Quand des groupes s’opposent, c’est autour du pouvoir des mots et de ses formes énonciatives que l’affrontement se déroule; c’est aussi parce que ce pouvoir de nommer touche à l’identité de soi et d’autrui qu’il est empreint de tant d’affects.